Les Etats Unis :
Les Etats-Unis utilisent depuis de nombreuses années la musicothérapie avec succès. Don Campbel, élève de A. Tomatis, dans son ouvrage : L’effet Mozart, relate de nombreux cas d’amélioration de l’état général à l’écoute de musiques à visée thérapeutique. Ainsi dans une étude portant sur 52 prématurés et nouveaux-nés de faible poids, nés au Tallahassee Memorial Regional Medical Center, en Floride, un chercheur rapporte que le séjour à l’hôpital des nourrissons à qui on a fait écouter de la musique vocale comprenant des berceuses et des comptines avait été écourté de 5 jours en moyenne. En outre chez ces bébés, les chercheurs notèrent une baisse moyenne de la perte de poids d’environ 50% et une réduction de la consommation de lait pour nourrissons ainsi que des niveaux de stress.
De même, Terry Woodford, producteur de groupes musicaux enregistra une cassette intitulée Baby-Go-To-Sleep, contenant des berceuses faisant échos à des battements de cœurs humains. Cette cassette fut diffusée à l’hôpital Helen Keller en Alabama et réussit à endormir, 56 des 59 nouveaux nés présents. Dans les années qui suivirent la cassette fut diffusée dans la majorité des centres de néonatalogie des Etats Unis. Actuellement des programmes précis adaptés à l’amélioration de l’environnement du nouveau-né et utilisant en grande partie la musicothérapie sont mis au point. Le NIDCAP
Le Neonatal Individulized Developemental Care and Assessment Program ou programme neonatal individualisé d’évaluation et de soins de développement, mis au point par H. Als à Harvard (Boston U.S.A.) est basé sur l’observation de l’évolution à court terme des enfants prématurés d’âge gestationnel inférieur à 32 semaines. Ce programme cherche à identifier les différents besoins de cette population afin de les prévenir au mieux. Outre l’amélioration de l’environnement en général par la baisse du niveau lumineux, le respect du rythme de sommeil, la recherche de soins moins traumatisants, le NIDCAP s’appuie beaucoup sur la musicothérapie. Il ressort de ces études une baisse des durées de ventilation, d’oxygénation de gavage, d’agents sédatifs et d’hospitalisation.
La France actuellement essaye de rattraper, comme pour la gestion de la douleur, son retard.
La France :
Michel Couronne, médecin néonatalogiste à la clinique Claude Bernard de Metz et le musicothérapeute analyste François Jacquemot, directeur de La Forge Formation à Metz (Institut de Recherches et de Formation en Musicothérapie ) travaillent actuellement sur l’introduction de la musicothérapie en néonatalogie et plus précisément sur le devenir neurodéveloppemental et psychologique du nouveau- né en état de stress psychoaffectif représenté par l’absence maternelle sonore. Outre l’étude de la voix sur l’enfant, ces deux spécialistes ont travaillé sur un concept nouveau d’appareil pouvant diffuser de la musique en incubateur : « Le SONINCUB » . Cet appareil permet de passer en parallèle une cassette et/ou un CD. L’intensité de l’émission sonore étant bien sûr adaptée à la physiologie du nouveau- né. La diffusion est, quand à elle, limitée dans le temps de manière à éviter un stress sonore.
Trois expériences ont été menées :
- Diffusion d’un enregistrement de la voix de la mère et/ou de celle du père.
- Diffusion d’une musique écoutée par la mère pendant la grossesse de manière à réveiller la mémorisation anténatale.
- Diffusion de morceaux musicaux sélectionnés d’après les critères de la musicothérapie et classés en qualité de relaxation, d’apaisement ou de détente.
Ainsi trois morceaux ont été sélectionnés :
- Olivier MESSAIEN Corps glorieux pour orgue (1939) Combat de la mort et de la vie.
- L.V. BEETHOVEN Symphonie n°1 Ut M op. 21(1800) Allegro con brio (mvt 1)
- Frantz LISZT Les jeux d’eau de la villa d’Este ( Extrait des années de Pèlerinage au piano).
De ces expériences et des observations qui en découlent, ils ont pu constater en priorité que la voix de la mère déclenche chez l’enfant un phénomène d’apaisement, de recherche oculaires, de mouvements lents des membres chez l’enfant préalablement agité ou inquiet. Ces phénomènes étant généralement suivis d’endormissements profonds de l’enfant avec modification des rythmes cardiaque et respiratoire. De manière générale, ils ont observé qu’un enfant qui entend régulièrement la voix de ses parents était moins agité que les autres, créant de plus une relation plus étroite avec eux et prouvant ainsi le pouvoir de la voix.
De même, à l’écoute d’un morceau entendu pendant la grossesse, l’enfant présente des réactions identiques à celles décrites précédemment mais moins accentuées.
Qu’en est il maintenant des œuvres de musique classique ? Le premier mouvement de la symphonie de Beethoven, par son thème rythmé, suivit d’un second thème plus mélodique, s’adresse à un sujet insécurisé, agité, qui comme précédemment le conduiront progressivement vers une attitude plus calme avec cessation des pleurs, de l’agitation, une recherche oculaire et même l’endormissement. Il en est de même pour les deux autres œuvres.
Ils ont pu également remarquer qu’à l’inverse, la musique peut être refusée avec apparition de cris et d’agitation lors d’une fatigue de l’enfant, par exemple après les soins. On revient vers l’iso de Benenzon, et le respect de l’humeur de l’enfant, qu’elle soit liée à sa disponibilité d’écoute ou à son histoire. Il en est de même pour Jacqueline Verdeau Pailles, chargée d’enseignement aux Universités de Montpellier et de Paris (Université René Descartes), « L’analyse du phénomène musical en soi ne suffit pas, il faut l’étudier en tant que source d’un vécu intérieur « . Chacun, en effet, perçoit les sons selon sa propre sensibilité.
Ainsi, à l’étude des différents signes cliniques observés chez le nouveau né en néonatalogie, l’audition de la voix de la mère est le plus bénéfique pour l’enfant. On peut constater aussi que finalement le type de musique écoutée importe par sa nature uniquement dans le cas où il stimule la mémoire anténatale, qui de fait est un retour au confort et à la sécurité de la vie fœtale. N’oublions pas le respect lié à l’iso, c’est à dire lié à la disponibilité présente d’écoute et au vécu antérieur de ce nouveau- né particulier. En effet, dans ce cas la musicothérapie a pour but de pallier à l’état de stress et de douleur en créant un environnement plus relaxant pour l’enfant et en favorisant les rapprochements parents- enfant qui, par leur participation, synergisent le pouvoir de la musique et contribuent à une bonne évolution psychologique du nouveau né.